La reconnaissance de la parole :
Ce que dit la recherche
Quinlan, T. « Speech Recognition Technology and Students With Writing Difficulties: Improving Fluency », Journal of Education Psychology, vol. 96, no 2, 2004, p. 337.
Cette étude de recherche quantitative, publiée dans une revue scientifique révisée par des pairs, s’est intéressée à l’influence de la reconnaissance de la parole et de la planification préparatoire sur le rendement des rédacteurs moins habiles. L’étude s’est basée sur un modèle à mesures répétées d’un contexte d’écriture à un autre pour déterminer si une transcription allégée et un soutien à la planification permettent d’améliorer la qualité de la rédaction chez les enfants qui éprouvent des difficultés en écriture. Un total de 41 enfants, âgés de 11 à 14 ans, ont participé à l’étude. Deux groupes d’enfants, composés de rédacteurs habiles et moins habiles, ont rédigé une série de quatre textes dans quatre contextes d’écriture différents, lesquels comportaient deux modes de transcription (reconnaissance de la parole et écriture manuscrite) et deux niveaux de planification (avec et sans planification préparatoire). Tous les élèves ont reçu une formation sur la planification préparatoire et l’utilisation du logiciel de reconnaissance de la parole. Le logiciel de reconnaissance de la parole utilisé était Dragon Naturally Speaking Professional 5.0 (2002). L’analyse statistique, c’est-à -dire une analyse de la covariance (ANCOVA) à mesures répétées, a été utilisée pour déterminer si le mode d’écriture et la planification pouvaient influencer les produits écrits de jeunes rédacteurs habiles et moins habiles.
RÉSULTATS : Les textes manuscrits des rédacteurs moins habiles ont reçu un pointage considérablement inférieur aux textes manuscrits des rédacteurs habiles sur le plan de la longueur, de la qualité et des erreurs linguistiques. Les textes composés par des rédacteurs moins habiles au moyen de la reconnaissance de la parole contenaient beaucoup plus de mots et moins d’erreurs que leurs textes manuscrits. Par contre, l’utilisation de la reconnaissance de la parole n’a pas amélioré les habiletés ou l’exactitude des rédacteurs habiles. Après l’exercice de planification préparatoire, les deux groupes d’enfants ont passé plus de temps à composer. La planification préparatoire peut aider l’élève à se concentrer sur la génération du texte, alors que la reconnaissance de la parole peut améliorer l’efficacité de la génération du texte en réduisant l’interférence liée à l’écriture manuelle. Il est important de noter que les rédacteurs moins habiles sélectionnés aux fins de cette étude représentaient un sous-groupe précis d’enfants ayant des difficultés rédactionnelles principalement liées à la transcription. Les enfants dont les difficultés rédactionnelles découlent de problèmes d’expression linguistique pourraient ne pas connaitre les mêmes effets bénéfiques.
MacArthur, C. A. et A. R. Cavalier. « Dictation and Speech Recognition Technology as Test Accommodations », Exceptional Children, vol. 71, no 1, 2004, p. 43-58.
Cette étude de recherche, publiée dans une revue scientifique révisée par des pairs, posait la question suivante :
- Est-ce que l’utilisation de la reconnaissance de la parole peut permettre à des élèves du secondaire avec ou sans incapacités de produire des textes acceptables sur le plan de l’exactitude?
- Quels sont les effets de la dictée à un scribe et de la dictée à un logiciel de reconnaissance de la parole, en comparaison avec l’écriture manuscrite, sur les résultats des épreuves écrites des élèves avec ou sans trouble d’apprentissage?
Un modèle de mesures répétées sur un groupe a été utilisé pour réaliser l’étude. Le groupe comptait 31 élèves du secondaire, dont 21 ayant un trouble d’apprentissage nuisant à leur capacité d’écrire et 10 sans trouble d’apprentissage. Tous les élèves ont appris à utiliser la reconnaissance de la parole afin de dicter un texte. Ils ont ensuite rédigé une dissertation dans les trois contextes suivants :
- écriture manuscrite;
- rédaction dictée à un scribe humain;
- rédaction dictée à un ordinateur au moyen du logiciel de reconnaissance de la parole Dragon Naturally Speaking, version 4.
Les deux groupes d’élèves ont rapidement appris à utiliser la reconnaissance de la parole pour produire des textes acceptables sur le plan de l’exactitude. Les deux tiers des élèves ont produit un texte ayant un taux d’exactitude de 85 %, et plus d’un tiers ont produit un texte d’une exactitude supérieure à 90 %. Seuls trois élèves ont produit un texte d’une exactitude inférieure à 80 %. Aucune différence statistique majeure n’a été notée quant à l’exactitude des phrases ou des mots captés entre les élèves ayant un trouble d’apprentissage ou ceux n’en ayant pas. Une analyse de la variance à mesures répétées avec deux mesures de différenciation entre les groupes (présence d’une incapacité et sexe de l’élève) et une mesure au sein du groupe (mode d’écriture : à la main, dictée à un scribe, reconnaissance de la parole) a été utilisée pour obtenir le pointage de qualité global.
RÉSULTATS : Les résultats ont démontré que les deux contextes de dictée ont permis aux élèves ayant des troubles d’apprentissage de produire de meilleures dissertations. Le contexte de rédaction n’a toutefois pas eu d’effet sur le vocabulaire. Les meilleures dissertations ont été produites par la méthode de la dictée à un scribe. Dans ce contexte, les élèves pouvaient pleinement se concentrer sur le contenu, l’organisation et la formulation de leur dissertation sans se préoccuper de la mécanique de la transcription. Les dissertations produites par les élèves ayant un trouble d’apprentissage et dictées à l’aide du logiciel de reconnaissance de la parole n’étaient pas d’aussi bonne qualité que les dissertations dictées à un scribe, mais meilleures que les dissertations écrites à la main. Dans ce contexte, les élèves n’avaient pas à se préoccuper de l’orthographe ou de la calligraphie, mais ils avaient un nouveau fardeau cognitif, soit celui de parler clairement et de relever les erreurs de transcription. En comparaison avec l’écriture manuscrite, la dictée à un scribe a eu un effet important, alors que la reconnaissance de la parole a eu un effet modéré. Les deux supports de dictée ont eu une pertinence élevée tant sur le plan éducatif que statistique. Sur le plan statistique, les chercheurs n’ont pas observé de différence significative de la qualité des textes rédigés par les élèves sans trouble d’apprentissage selon le contexte de rédaction.
Higgins, E. L. et M. H. Raskind. « Compensatory Effectiveness of Speech Recognition on the Written Composition Performance of Postsecondary Students with Learning Disabilities », Learning Disability Quarterly, vol. 8, no 2, 1995, p. 159-174.
Cette étude de recherche innovante sur les logiciels de reconnaissance de la parole, publiée dans une revue scientifique révisée par des pairs, s’est penchée sur l’efficacité de la rédaction assistée par un logiciel de reconnaissance de la parole en comparaison avec la rédaction sans assistance et la stratégie plus classique du recours à un transcripteur humain. Vingt-neuf étudiants universitaires ont participé à cette étude. Ils ont été choisis parce qu’ils avaient un trouble d’apprentissage avec difficulté particulière en expression écrite. Tous les étudiants ont reçu une formation sur l’utilisation de la reconnaissance de la parole aux fins de dictée, puis ont rédigé une dissertation dans trois contextes de rédaction : a) au moyen du logiciel de reconnaissance de la parole Dragon Dictate, version 1.01; b) en dictant leur dissertation à un transcripteur humain; c) sans assistance. Pour leur rédaction sans assistance, les étudiants avaient le choix d’écrire leur dissertation à la main ou à l’aide d’un logiciel de traitement de texte, mais sans pouvoir utiliser le correcteur orthographique. Les dissertations écrites à la main ou transcrites étaient tapées mot à mot. Les 81 dissertations ont ensuite été évaluées par deux lecteurs et ont reçu une note globale basée sur les critères des Upper Division Writing Proficiency Exams. Trois dissertations ont reçu des notes différentes des lecteurs. Un troisième lecteur a donc accordé une note à ces trois dissertations et a donné raison à l’un ou l’autre des lecteurs initiaux pour déterminer la note finale. Tous les lecteurs ignoraient dans quel contexte la dissertation avait été rédigée. La fiabilité interévaluateurs était de 0,93.
RÉSULTATS : Les résultats démontrent une différence significative sur le plan statistique lorsqu’on compare les notes globales des dissertations rédigées à l’aide de la reconnaissance de la parole et celles des dissertations rédigées sans assistance. Les données fournies par l’analyse exploratoire des compositions permettent d’expliquer cette différence. L’analyse statistique par régression multiple séquentielle a permis d’établir que le critère le plus sensible de prédiction de la note globale était celui des « mots longs », c’est-à -dire des mots de sept lettres ou plus. Par ailleurs, il faut noter qu’au cours de l’étude, de nombreux étudiants ayant des problèmes en orthographe ont affirmé avoir utilisé une stratégie d’écriture typique consistant à choisir des mots courts et simples qu’ils pouvaient épeler correctement plutôt que les mots qu’ils souhaitaient vraiment utiliser, mais qu’ils avaient peur de mal orthographier.