La prédiction de mots :
Ce que dit la recherche
Silio, M. C. et P. M. Barbetta. « The effects of word prediction and text-to-speech technologies on the narrative writing skills of Hispanic students with specific learning disabilities », Journal of Special Education Technology, vol. 25, no 4, 2010, p. 17-32.
Cette étude quasi expérimentale, publiée dans une revue scientifique révisée par des pairs, posait la question suivante : Dans le même intervalle de temps, est-ce que des élèves hispanophones ayant des troubles d’apprentissage précis et utilisant
- le traitement de texte,
- le traitement de texte avec prédiction de mots,
- le traitement de texte avec synthèse vocale ou
- le traitement de texte avec prédiction de mot et synthèse vocale
- rédigent des textes narratifs de meilleure qualité sur le plan de la fluidité, de la syntaxe et de l’exactitude orthographique?
- composent des textes narratifs mieux organisés de façon générale?
- maintiennent leurs habiletés de rédaction et d’organisation de textes narratifs lors des épreuves de rétention tenues deux semaines, quatre semaines et six semaines après la rédaction des textes?
Le groupe de participants était formé de six garçons hispanophones de 5e année ayant un trouble d’apprentissage précis, qui étaient des apprenants de l’anglais, mais qui n’avaient plus accès aux services offerts aux apprenants de l’anglais à cause de leur niveau de connaissance de cette langue. Un schéma montrant les niveaux de base parallèles des participants a été utilisé dans les deux études distinctes, mais connexes. Les participants ont été divisés au hasard en deux groupes, la cohorte A et la cohorte B. Avant l’intervention, les participants ont reçu une formation individuelle de 30 minutes sur l’utilisation du logiciel de prédiction de mots et de synthèse vocale WordQ. Les participants de la cohorte A et B ont suivi toutes les procédures générales, y compris l’utilisation de Word pour répondre aux questions sélectionnées au hasard. Pendant la première phase d’intervention, la cohorte A a utilisé la fonction de prédiction de mots WordQ dans Word. Lorsque le groupe est passé à la seconde phase d’intervention, la synthèse vocale a été ajoutée. Les participants de la cohorte B ont quant à eux utilisé le logiciel Word et la fonction de synthèse vocale pendant la première phase d’intervention, et ont intégré la prédiction de mots à la deuxième phase d’intervention. Les mesures de fidélité du traitement et de fiabilité interévaluateurs ont été recueillies par des observateurs compétents pendant 12 des 38 (32 %) interventions principales et séances de rétention. Une grille d’évaluation holistique a été utilisée pour évaluer les échantillons de texte. Les notes moyennes de la fiabilité interévaluateurs concernant la fluidité, la syntaxe, l’exactitude orthographique et l’organisation générale étaient respectivement de 99,7 %, 91,3 %, 99,6 % et 86,6 %.
RÉSULTATS : Bien que les résultats varient d’un participant à l’autre, dans l’ensemble, ils démontrent que la prédiction de mots seule ou en combinaison avec la synthèse vocale a eu un effet positif sur les habiletés des participants en écriture. Lorsqu’utilisées de façon isolée, la prédiction de mots et la synthèse vocale ont permis aux participants des deux cohortes d’écrire des textes plus longs, plus complexes sur le plan syntaxique, mieux organisés et comportant moins d’erreurs orthographiques. Cependant, il n’y a eu que peu d’amélioration, voire aucune, avec l’utilisation exclusive de la synthèse vocale. Sauf quelques exceptions, les participants ont conservé un pourcentage élevé des habiletés en écriture acquises pendant l’expérience.
Cullen J., S. B. Richard et C. L. Frank. « Using software to enhance the writing skills of students with special needs », Journal of Special Education Technology, vol. 23, no 2, 2008, p. 33-43.
Cet article de recherche, publié dans une revue scientifique révisée par des pairs, se penche sur les effets des logiciels sur le rendement en écriture des élèves ayant des incapacités légères. La question exacte de l’étude était : « Quels effets un processeur textuel sonore avec correcteur orthographique (Write: Outloud) a-t-il sur le rendement de sept élèves ayant des besoins spéciaux lorsqu’il est employé seul ou conjointement avec un logiciel de prédiction de mots (Co:Writer) aux fins d’adaptation lors des exercices d’écriture quotidiens? » Les participants étaient sept élèves de 5e année ayant une incapacité légère, soit ayant reçu un diagnostic de retard cognitif léger ou de trouble d’apprentissage. Les chercheurs ont utilisé le modèle de l’étude de cas à niveaux de base parallèles modifiés. L’étude comportait trois phases : la collecte de textes de référence de base, l’intervention au moyen d’un processeur textuel sonore, et l’intervention au moyen d’un logiciel de prédiction de mots conjointement avec un processeur textuel sonore. La modification du schéma à niveaux de base parallèles visait une mise en Å“uvre simultanée des phases d’intervention avec chacun des participants, plutôt que de façon échelonnée comme il est de coutume avec le schéma à niveaux de base parallèles. Les échantillons de textes de référence ont été tirés de textes manuscrits. Les textes manuscrits ont été convertis en textes numériques pour éviter que les évaluations ne soient biaisées. Les deux phases d’intervention ont duré trois semaines chacune, et un nombre maximal de neuf échantillons de texte par participant ont été recueillis lors de chaque phase. Tous les échantillons de texte ont été évalués selon les critères suivants :
- nombre moyen de mots;
- nombre moyen d’erreurs orthographiques;
- pourcentage d’exactitude;
- résultat total.
RÉSULTATS : De façon générale, les deux supports ont eu des effets positifs sur l’écriture des élèves, mais Co:Writer plus que Write:Outloud. En tant que groupe, les participants se sont améliorés sur chacun des critères pendant les deux phases d’intervention. Ces effets ne se sont toutefois pas traduits par des résultats uniformes chez les élèves. Selon Collins, Richards et Lawless Frank, bien que les logiciels qui offrent des options d’aide à la rédaction comme la synthèse vocale, le correcteur orthographique et la prédiction de mots profitent aux élèves ayant des incapacités, il faut prendre en compte les forces et les faiblesses chaque élève au moment de choisir un logiciel.
Mirenda, P., K. Turoldo et C. McAvoy. « The impact of word prediction software on the written output of students with physical disabilities », Journal of Special Education Technology, vol. 21, no 3, 2006, p. 5-12.
Ce projet de recherche quasi expérimental, dont les résultats ont été publiés dans une revue scientifique révisée par des pairs, s’est intéressé aux effets d’un logiciel de prédiction de mots sur la production de textes écrits. Les questions de recherche étaient les suivantes :
- Quelles sont les perceptions des élèves ayant une incapacité physique et de leurs aidants adultes au sujet des avantages de l’utilisation d’un programme de prédiction de mots comme Co:Writer?
- Y a-t-il des différences considérables dans la vitesse de saisie du texte, le nombre de mots lisibles, de mots bien écrits et de séquences de mots corrects, ou la longueur moyenne des séquences de mots corrects consécutifs produites par les élèves ayant des incapacités physiques selon qu’ils utilisent l’écriture manuscrite, le traitement de texte ou le traitement de texte avec un logiciel de prédiction de mots?
L’étude a été réalisée auprès de 24 élèves, dont 16 garçons et 8 filles ayant des incapacités physiques faisant obstacle à leur capacité d’écrire à la main. Quinze d’entre eux fréquentaient l’école primaire, un était au premier cycle du secondaire et huit étaient au deuxième cycle du secondaire. Vingt des participants ont été sélectionnés dans des classes régulières et six d’entre eux recevaient de l’aide à temps partiel dans des classes spéciales. Les quatre participants restants faisaient partie de classes d’adaptation scolaire pour les élèves ayant des besoins spéciaux. Des sondages et trois échantillons de texte (dix minutes sur « quelque chose que tu aimes faire ») ont été produits aux fins de l’étude par les trois moyens suivants :
- écriture manuscrite;
- traitement de texte uniquement;
- traitement de texte et logiciel de prédiction de mots Co:Writer.
L’ordre d’utilisation des modes d’écriture a varié d’un élève à l’autre pour contrecarrer l’effet de l’ordre. Plus des deux tiers des élèves estiment que Co:Writer les a aidés à mieux orthographier les mots, à diversifier leur vocabulaire, à écrire plus vite, à produire des textes plus clairs et plus lisibles et à écrire plus de phrases correctes. Plus de la moitié des enseignants et des aidants adultes en sont arrivés aux mêmes conclusions, sauf en ce qui a trait aux phrases correctes. Plus des deux tiers des enseignants et des aidants adultes estiment que Co:Writer a aidé les élèves à écrire des textes plus longs sans se fatiguer, à vivre moins de frustration lorsqu’ils écrivent, et à se relire. Plus de la moitié des élèves ont remarqué les mêmes avantages. Des analyses unilatérales de la variance à mesures répétées (ANOVA) ont été utilisées pour déterminer s’il y avait des différences considérables entre les échantillons de textes rédigés en dix minutes à l’aide de Co:Writer, du traitement de texte, et de l’écriture manuscrite relativement aux cinq critères suivants :
- nombre total de mots écrits;
- pourcentage de mots lisibles;
- pourcentage de mots écrits correctement;
- pourcentage de séquences de mots corrects;
- longueur moyenne des séquences de mots corrects consécutifs.
RÉSULTATS : Les résultats ont montré que le traitement de texte et la prédiction de mots combinés ont permis aux élèves d’obtenir des pourcentages plus élevés de mots lisibles, de mots écrits correctement et de séquences de mots corrects que l’écriture manuscrite. L’utilisation de cette technologie d’aide n’a toutefois pas eu d’effet important sur la productivité textuelle des élèves. De façon intéressante, près des trois quarts des paires élève-adulte ont estimé que Co:Writer avait aidé les élèves à écrire davantage et plus rapidement sans se fatiguer (p. ex., ils peuvent produire plus de mots par minute), mais il n’y a aucune donnée probante qui puisse corroborer cette perception.
Tam, C., J. Archer, J. Mays et G. Skidmore. « Measuring the outcomes of word cueing technology », Canadian Journal of Occupational Therapy, vol. 72, no 5, 2005, p. 301-308.
Cet article de recherche, publié dans une revue scientifique révisée par des pairs, décrit les résultats d’un projet d’évaluation de programme d’un an, au cours duquel la mesure canadienne du rendement occupationnel (MCRO) a été utilisée comme indicateur de résultats pour évaluer l’efficacité du logiciel WordQ. L’étude s’est déroulée dans une clinique d’aide à la rédaction dans un centre de réhabilitation pédiatrique de Toronto, en Ontario. Les clients de la clinique sont des enfants de moins de 19 ans qui ont une incapacité physique nuisant à leur capacité d’écrire. Des données sur tous les enfants reçus à la clinique d’aide à la rédaction qui ont utilisé WordQ (version 1) ont été recueillies pendant la période de collecte de 12 mois entre 2003 et 2004. Bien que ces enfants aient pu avoir reçu une formation sur l’écriture manuscrite à un moment ou un autre de leur vie, ils ont fait appel à la clinique parce qu’ils avaient été déclarés rédacteurs dysfonctionnels et qu’ils avaient besoin d’une intervention technologique. La MCRO a été utilisée avec succès auprès de 42 familles et enfants, mais seules 29 familles ont accepté de participer à l’entrevue de suivi. Des 29 enfants, 15 étaient des filles et 14 étaient des garçons. L’âge moyen des participants était de 11,1 ans (écart-type = 3,7, fourchette = 3,9 à 19,1).
RÉSULTATS : En général, les familles et les enfants ont trouvé WordQ utile. Ils ont constaté un gain de productivité, une hausse de la motivation rédactionnelle et l’utilisation d’un vocabulaire plus riche et plus varié. Les enfants ont acquis de l’autonomie, car ils n’avaient plus besoin que leurs parents soient constamment disponibles pour répondre à leurs lacunes orthographiques. Les parents ont indiqué que leur enfant était plus ouvert à l’écriture et à l’univers des mots et qu’il utilisait par conséquent un vocabulaire plus riche et plus varié à l’écrit. Les résultats de ce projet montrent que la MCRO est un outil efficace pour mesurer la perception des résultats obtenus par les enfants grâce à la technologie de prédiction de mots. L’utilisation de la MCRO soutient l’utilisation de technologies d’aide axées sur le client et les données probantes. Les résultats font également état de l’efficacité de WordQ pour améliorer la productivité écrite.
Handley-More, D., J. Deitz, F. F. Billingsley et T. E. Coggins. « Facilitating written work using computer word processing and word prediction », The American Journal of Occupational Therapy, vol. 57, no 2, 2003, p. 139-151.
Ce projet de recherche quasi expérimental, publié dans une revue scientifique révisée par des pairs, a tenté d’établir si une intervention ergothérapeutique axée sur l’enseignement de l’utilisation d’un logiciel de traitement de texte, seul ou conjointement avec la prédiction de mots, pouvait efficacement améliorer les habiletés d’expression écrite d’enfants ayant des troubles d’apprentissage ou des problèmes avec l’écriture manuscrite. Un modèle de traitements appliqués de manière alternée à un participant a été utilisé chez trois enfants de 4e et 5e année. Pendant la phase de référence, les enfants ont écrit une histoire à la main. Pendant la phase d’intervention, les enfants ont écrit des histoires en alternant entre l’écriture manuscrite, le traitement de texte, et le traitement de texte avec la prédiction de mots. Chaque élève a dû regarder un paquet d’images et en choisir 36 qui représentaient des sujets possibles d’écriture. Ces photographies ont été distribuées au hasard à chaque séance. Pendant les six séances préliminaires, les élèves ont écrit des histoires à la main au sujet des images qu’ils avaient sélectionnées. Chaque élève a été préparé pour la phase d’intervention au moyen d’une formation personnelle sur la saisie de texte au clavier, le traitement de texte et la prédiction de mots. Pendant les séances d’intervention, on a demandé aux élèves d’écrire des histoires au sujet des images sélectionnées au moyen des trois modes de production textuelle (écriture manuscrite, traitement de texte, et traitement de texte avec prédiction de mots). Un tableau de nombres aléatoires a été utilisé pour assigner le mode d’écriture lors de chaque séance afin d’atténuer l’influence de l’ordre séquentiel. Des variables dépendantes portaient sur les pourcentages de mots lisibles, les pourcentages de mots écrits correctement, le nombre total de mots et la rapidité de rédaction. Avant la phase d’intervention de l’étude, un deuxième évaluateur a été formé afin d’évaluer les textes des élèves jusqu’à ce que la concordance interévaluateurs atteigne 80 % pour chacun des paramètres. Le deuxième évaluateur a évalué de façon aléatoire certaines histoires de chaque élève. La concordance a été vérifiée à deux reprises lors de la phase préliminaire et pour le tiers des histoires lors de la phase d’intervention. Les concordances interévaluateurs moyennes relatives aux histoires des élèves pour la phase préliminaire (PP) et la phase d’intervention (I) sont les suivantes : mots lisibles (PP = 95 %, I = 96 %); mots écrits correctement (PP = 94 %, I = 97 %); et nombre total de mots (PP = 100 %, I = 99 %). Afin de garantir l’utilisation de procédures uniformes dans les divers contextes, on a élaboré des listes de vérification de la fiabilité procédurale qui délimitaient l’installation de l’équipement, le montant et le type de renforcement, et le moment où des mots pouvaient être proposés, et ce, pour chaque mode de génération de texte. Les listes de vérification ont été utilisées à chacune des séances. Un observateur a vérifié la fiabilité des procédures à 18 % des séances. Dans l’ensemble, les pointages de fiabilité procédurale sont demeurés à 100 % pendant la phase préliminaire et ont varié entre 96 % et 100 % (moyenne de 99,6 %) pendant l’intervention.
RÉSULTATS : Les résultats étaient variables. Deux enfants ont montré des améliorations marquées en matière de lisibilité avec l’utilisation du traitement de texte, seul ou conjointement avec la prédiction de mots. Ces mêmes enfants ont également montré des améliorations marquées en matière d’orthographe avec l’utilisation de la prédiction de mots. Même si la vitesse de rédaction était supérieure chez deux enfants dans le cas de l’écriture manuscrite, par rapport au nombre total de mots produits, il n’a pas été possible d’établir qu’une méthode était meilleure que l’autre. Ces résultats suggèrent qu’une intervention ergothérapeutique utilisant le traitement de texte, employé seul ou conjointement avec la prédiction de mots, peut faciliter le travail d’écriture en améliorant la lisibilité et l’orthographe de certains élèves présentant des troubles d’apprentissage. L’efficacité de la technologie varie selon l’environnement de soutien, les talents et les besoins uniques de chaque enfant. Il convient donc d’évaluer chaque enfant individuellement et de lui fournir la formation et les aides pédagogiques lui permettant d’utiliser la technologie.